dimanche 20 septembre 2009

La mort est un moissonneur...

...qui ne fait pas la sieste. (Miguel de Cervantès)





Ah l’époque bénie, le siècle glorieux,
Où le fier cavalier rencontrant en chemin
Un groupe d’écorcheurs cruels et furieux
Finissait par tomber, son épée dans la main :

Ah ce temps révolu, ce bel âge héroïque !
Le pire chef routier, le pire des barbares,
Face au sang répandu dans la lutte homérique,
Face aux plaies, face aux morts, au dessus du chambard,

Clamait : « c’était un brave ! » en s’épongeant le front.
Et le corps du vaincu, comme dans un germoir,
Faisait vite au vainqueur regretter ses affronts :
Un nom allait fleurir dans toutes les mémoires.

Las ! Plus de routiers en l’an deux mille neuf,
Plus de vide-gousset, sur le bord de la route,
Qui soit de chair et d’os et court après l’éteuf
Pour avoir quelque argent. Plus d’éclat. Plus de joute.

Une cage de tôle en guise de haubert,
Le bandit de nos jours est bandit de l’Etat ;
Hadès le ténébreux surveillait son Cerbère :
Drire, le Léviathan, surveille son Mesta.

As-tu vu, embusqué, ce cyclope de fer ?
Inhumain, monstrueux, Gorgone fulminante ?
Aide-moi, sans faiblir, à combattre l’enfer,
O toi chère Polo, ma belle Rossinante !