jeudi 31 décembre 2009

Rumba pro anno novo?




Strophe

Joyeuses fêtes Fernand…
Echappons-nous de l’hospice !
Nous irons, en frissonnant,
Echauffer cœurs et varices,
Tard ce soir jusqu’au matin,
A danser tels des lutins :
Il y aura des pupitres
Pour nous montrer le programme,
Au Moulin Bleu, et des dames
Suivront la danse et les litres.

Antistrophe

Oublions hypertension,
Ulcères et dos hernieux :
Boitons gaiement. Oublions
Le méchant père Matthieu,
Irascible fermier,
Et nos crânes tuméfiés.
Excuse Tigrou de Chambe :
Car, au Moulin, le concours
Hippique comme l’amour
Et comme les poils de jambes.

Epode

René Faussyl, pour ce soir,
Est chaud ! Il veut boire, il veut
Suer, danser, il veut voir
Onduler de longs cheveux.
Prends ta plus belle casquette :
Hardi Fernand ! Des copines
Impatientes jà clopinent,
Espérant revoir nos têtes.

René."

mercredi 9 décembre 2009

Ah le plaisant filoutage!



Daumier, "Honnêtes gens"


"Un bien petit de près me venez prendre,
Pour vous payer : et si devez entendre
Que je n'eus onc Anglais de votre taille.
Car à tous coups vous criez : " baille, baille ",
Et n'ai de quoi contre vous me défendre.

Sur moi ne faut telle rigueur étendre,
Car de pécune un peu ma bourse est tendre,
Et toutefois j'en ai, vaille que vaille,
Un bien petit.

Mais à vous voir (ou l'on me puisse pendre)
Il semble avis qu'on ne vous veuille rendre
Ce qu'on vous doit : beau sire, ne vous chaille.
Quand je serai plus garni de cliquaille,
Vous en aurez : mais il vous faut attendre
Un bien petit."

Clément Marot (1496-1544)

mercredi 2 décembre 2009

Despote: prends garde à toi!



"Le chemin est tracé, rien ne vous retient plus;
Vous n'avez qu'à marcher de vertus en vertus.
Mais si de vos flatteurs vous suivez la maxime,
Il vous faudra, Seigneur, courir de crime en crime,
Soutenir vos rigueurs par d'autres cruautés,
Et laver dans le sang vos bras ensanglantés.
Britannicus mourant excitera le zèle
De ses amis, tout prêts à prendre sa querelle.
Ces vengeurs trouveront de nouveaux défenseurs,
Qui, même après leur mort, auront des successeurs.
Vous allumez un feu qui ne pourra s'éteindre.
Craint de tout l'univers, il vous faudra tout craindre,
Toujours punir, toujours trembler dans vos projets,
Et pour vos ennemis compter tous vos sujets."

Jean Racine, Britannicus, Acte IV - scène 3 (vers 1341 à 1354)