dimanche 27 septembre 2009

Vieille guerre fait moult mal

(proverbe du XXIème siècle)

Mes compagnons, c'est moi ; mes bonnes gens de guerre,
C'est votre Chef d'hier qui vient parler ici.
De ce qu'on ne sait pas, ou que l'on ne sait guère ;
Mes Morts, je vous salue et je vous dis : Merci.

Il serait temps qu'en France on se prît de vergogne
A connaître aussi mal la vieille Légion,
De qui, pour l'avoir vue à sa rude besogne,
J'ai la très grande amour et la religion.

Or, écoutez ceci : "Déserteurs ! Mercenaires !"
"Ramassis d'Etrangers sans honneur et sans foi !"
C'est de vous qu'il s'agit, de vous, Légionnaires !
Ayez-en le cœur net, et demandez pourquoi ?

Sans honneur ? Ah ! passons ! Et sans foi ? Qu'est-ce à dire,
Que fallait-il de plus et qu'aurait-on voulu ?
N'avez-vous pas tenu, tenu jusqu'au martyre,
La parole donnée et le marché conclu ?

Mercenaires ? sans doute : il faut manger pour vivre ;
Déserteurs ? Est-ce à nous de faire ce procès ?
Etrangers ? Soit. Après ? Selon quel nouveau livre
Le maréchal de Saxe était-il donc Français ?

Et quand donc les Français voudront-ils bien entendre
Que la guerre se fait dent pour dent, œil pour œil,
Et que des Etrangers qui sont morts, à tout prendre,
Chaque fois, en mourant, leur épargnaient un deuil.

Aussi bien c'est assez d'inutile colère,
Vous n'avez pas besoin d'être tant défendus ;
Voici le Fleuve Rouge et la Rivière Claire
Et je parle à vous seuls de vous que j'ai perdus !

Jamais garde de Roi, d'Empereur, d'Autocrate,
De Pape ou de Sultan, jamais nul Régiment
Chamarré d'or, drapé d'azur ou d'écarlate,
N'alla d'un air plus mâle et plus superbement.

Vous aviez des bras forts et des tailles bien prises,
Qui faisaient mieux valoir vos hardes en lambeaux ;
Et je rajeunissais à voir vos barbes grises,
Et je tressaillais d'aise à vous trouver si beaux.

Votre allure était simple et jamais théâtrale ;
Mais, le moment venu, ce qu'il eût fallu voir,
C'était votre façon hautaine et magistrale
D'aborder le "Céleste" ou de le recevoir.

On fait des songes fous, parfois, quand on chemine,
Et je me surprenais en moi-même à penser,
Devant ce style à part et cette grand mine,
Par où nous pourrions bien ne pas pouvoir passer ?

J'étais si sûr de vous ! Et puis, s'il faut tout dire,
Nous nous étions compris : aussi de temps en temps,
Quand je vous regardais vous aviez un sourire,
Et moi je souriais de vous sentir contents.

Vous aimiez, troupe rude et sans pédanterie,
Les hommes de plein air et non les professeurs ;
Et l'on mettait, mon Dieu, de la coquetterie
A faire de son mieux, vous sachant connaisseurs.

Mais vous disiez alors : "La chose nous regarde,
Nous nous passerons bien d'exemples superflus ;
Ordonnez seulement, et prenez un peu garde,
On vous attend … et nous on ne nous attend plus !"

Et je voyais glisser sous votre front austère
Comme un clin d'œil ami doucement aiguisé,
Car vous aviez souvent épié le mystère
D'une lettre relue ou d'un portait baisé.

N'ayant à vous ni nom, ni foyer, ni Patrie,
Rien où mettre l'orgueil de votre sang versé,
Humble renoncement, pure chevalerie,
C'était dans votre chef que vous l'aviez placé.

Anonymes héros, nonchalants d'espérance,
Vous vouliez, n'est-ce pas, qu'à l'heure du retour,
Quand il mettrait le pied sur la terre de France,
Ayant un brin de gloire, il eût un peu d'amour.

Quant à savoir si tout s'est passé de la sorte,
Et si vous n'êtes pas restés pour rien là-bas,
Si vous n'êtes pas morts pour une chose morte,
O mes pauvres amis, ne le demandez pas !

Dormez dans la grandeur de votre sacrifice,
Dormez que nul regret ne vous vienne hanter ;
Dormez dans cette paix large et libératrice
Où ma pensée en deuil ira vous visiter !

Je sais où retrouver, à la suprême étape,
Tous ceux dont la grande herbe a bu le sang vermeil,
Et ceux qu'ont engloutis les pièges de la sape,
Et ceux qu'ont dévorés la fièvre et le soleil ;

Et ma pitié fidèle, au souvenir unie,
Va du vieux Wunderli qui tomba le premier,
Et suivant une longue et rouge litanie,
Jusqu'à toi, mon Streibler, qu'on tua le dernier !

D'ici je vous revois, rangés à fleur de terre
Dans la fosse hâtive où je vous ai laissés,
Rigides, revêtus de vos habits de guerre
Et d'étranges linceuls faits de roseaux tressés.

Les survivants ont dit - et j'ai servi de prêtre !
L'adieu du camarade à votre corps meurtri ;
Certain geste fut fait bien gauchement peut-être,
Pourtant je ne crois pas que personne en ait ri !

Mais quelqu'un vous prenait dans sa gloire étoilée
Et vous montrait d'en haut ceux qui priaient en bas,
Quand je disais pour tous, d'une voix étranglée,
Le Pater et l'Ave - que tous ne savaient pas !

Compagnons, j'ai voulu vous parler de ces choses,
Et dire en quatre mots pourquoi je vous aimais :
Lorsque l'oubli se creuse au long des tombes closes,
Je veillerai du moins et n'oublierai jamais.

Si parfois, dans la jungle où le tigre vous frôle
Et que n'ébranle plus le recul du canon,
Il vous semble qu'un doigt se pose à votre épaule,
Si vous croyez entendre appeler votre nom;

Soldats qui reposez sous la terre lointaine,
Et dont le sang donné me laisse des remords,
Dites-vous simplement : "C'est notre Capitaine
Qui se souvient de nous … et qui compte ses Morts".

A mes hommes qui sont morts, et particulièrement à la mémoire de Tiebald Streibler qui m'a donné sa vie le 3 mars 1885 au siège de Tuyen-Quang.

Capitaine De Borelli

dimanche 20 septembre 2009

La mort est un moissonneur...

...qui ne fait pas la sieste. (Miguel de Cervantès)





Ah l’époque bénie, le siècle glorieux,
Où le fier cavalier rencontrant en chemin
Un groupe d’écorcheurs cruels et furieux
Finissait par tomber, son épée dans la main :

Ah ce temps révolu, ce bel âge héroïque !
Le pire chef routier, le pire des barbares,
Face au sang répandu dans la lutte homérique,
Face aux plaies, face aux morts, au dessus du chambard,

Clamait : « c’était un brave ! » en s’épongeant le front.
Et le corps du vaincu, comme dans un germoir,
Faisait vite au vainqueur regretter ses affronts :
Un nom allait fleurir dans toutes les mémoires.

Las ! Plus de routiers en l’an deux mille neuf,
Plus de vide-gousset, sur le bord de la route,
Qui soit de chair et d’os et court après l’éteuf
Pour avoir quelque argent. Plus d’éclat. Plus de joute.

Une cage de tôle en guise de haubert,
Le bandit de nos jours est bandit de l’Etat ;
Hadès le ténébreux surveillait son Cerbère :
Drire, le Léviathan, surveille son Mesta.

As-tu vu, embusqué, ce cyclope de fer ?
Inhumain, monstrueux, Gorgone fulminante ?
Aide-moi, sans faiblir, à combattre l’enfer,
O toi chère Polo, ma belle Rossinante !

samedi 19 septembre 2009

Boursicoter?... C'est facile!

Mardi 08 septembre dernier.
Le matin, à l’ouverture du CAC 40, M. X achète 1000 actions Veolia Environnement qui cotent 24,400 Euros. Trois jours plus tard, le 11 septembre, à la clôture, et alors que Veolia Environnement cote 25,940 Euros, il revend tout.

Tout cela est étrange...

Etrange que le M. X ait été aussi malin pour un coup d’essai en bourse.
Comment l’expliquer ?
C’est très simple.

M. X connaît bien M. Y, qui fait partie du Conseil d’Administration d’EDF : ils se fréquentent à la loge « La Lyre de Salomon ». Or, quelques jours plus tôt, M. Y l’a discrètement informé, lors des agapes précédant les travaux, que monsieur Henri Proglio –franc-maçon, lui aussi, pourrait bien remplacer Pierre Gardonnet à la présidence d’EDF. (Oui, M.Y a été discret parce qu'il vaut mieux être discret avec l’article L.465-1 du code des marchés financiers). Ce à quoi le M. X a répondu, un brin interloqué : « Qu’est-ce que j’en ai à foutre de Proglio, moi ? ». Et M. Y de répartir : « Tu serais peut-être un peu plus intéressé si je te disais que ça va faire grimper comme pas possible le cours de Veolia Environnement quand l’information sera publique… ».
Effectivement, lorsque le Canard Enchaîné paraît le mercredi 9 septembre, le cours de Veolia s’envole. Mais le lendemain, dans la journée, M.X reçoit un appel téléphonique de M. Y, très énervé : « Il a fallu que cette andouille de Proglio la ramène dans les Echos ! Vend tout ! Attend demain soir et vend tout ! Parce que dès que Napoléon va apprendre la nouvelle, ça va se corser pour Veolia et pour toi. »

Certes, ça s’est corsé pour Veolia… mais pas pour M. X : grâce à son copain en tablier, il a gagné 1540 Euros en 4 jours !

mardi 15 septembre 2009

... non plus qu'avec la shoah

Monsieur Robert Faurisson est agrégé de lettres et docteur ès lettres. Il est spécialisé en critique de textes et de documents (littérature, histoire, médias). Ses travaux sur la seconde guerre mondiale le conduisent à affirmer, le 16 janvier 1979, dans le quotidien "Le Monde", que « les prétendues "chambres à gaz" et le prétendu "génocide" sont un mensonge permettant une gigantesque escroquerie politico-financière dont l'État d'Israël est le principal bénéficiaire ».
Le 16 septembre 1989, certains historiens décident de lui exprimer leur désaccord sur cette question. Problème: le professeur Robert Faurisson est connu pour son côté irascible, la noix de cajou située entre ses deux oreilles, ses 1,98m, ses 137,5 kg, et ses 40 ans de pratique du Taekwondo au plus niveau. C'est pourquoi les personnes en question préfèrent aller discuter avec lui en groupe. Et ça marche! Nos 3 braves parviennent à faire valoir leurs idées de la plus honorable des manières, à l'occasion d'un échange verbal d'une haute tenue intellectuelle:

à grands coups de pied, ils éclatent la mâchoire de ce monsieur de soixante ans.



Petit souci: la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, intégrée en son préambule par la constitution de la République Française, prévoit, avec les articles 10 et 11, que "nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi", et que "la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi".
Or, ce n'est qu'en juillet 1990 que sera votée, grâce à un député communiste éponyme, la loi Gayssot dont l'article 9 stipule que "Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l’article 24 (NB: de la loi de 1881 sur la liberté de la presse) ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l’article 23, l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale."

Par conséquent, même si notre brute néo-nazie a amplement mérité sa raclée, au vu de la loi du moment, ça fait quand même désordre.

Heureusement, à partir de juillet 1990, tout devient différent!
Dans le cadre des articles 431-13 et 431-14 du code pénal et de la loi du 10 janvier 1936 (c.p.) sur les groupes de combat et les milices privées, le BETAR ou la LDJ peuvent, pour s'amuser un peu, organiser des ratonnades à la sortie des lycées (au cas où votre petite soeur ou votre fils aurait des idées déviantes), et même dans les locaux des tribunaux ( comme le mardi 30 décembre 2003 au coeur du Tribunal Administratif de Paris). Lorsque une maman, le 16 avril 2009 sur France Inter, a le culot de manifester son inquiétude à propos de ce type de groupuscules - exemple d'un commissaire de police parisien ayant été poignardé, madame Michèle Alliot Marie, actuellement ministre de la justice et futur témoin dans le procès Clearstream, par respect de l'article 432-5 du code pénal, ne répond pas à l'impertinente.

C'est normal.
Il n'y a pas de quoi s'alarmer.

En effet, la LDJ est interdite même en Israël et aux USA, et, le 3 juillet dernier, cinq de ses membres, cagoulés et armés, ont saccagé, par respect de l'article 431-1 du code pénal, la librairie "Résistances", dans le 17ème arrondissement parce qu'elle diffusait le dernier Paul-Eric Blanrue "Sarkozy, Israël et les Juifs". ( A côté de ce livre, Mein Kampf, c'est "Martine fait de la bicyclette": je sais de quoi je parle, j'en ai un exemplaire sous les yeux et il y a des croix gammées partout.)

Si vous souhaitez, vous aussi, par respect de l'article 431-20 du code pénal (sanctionné par l'article 431-21) prévoyant la responsabilité des personnes morales visées par les articles 431-13 et 431-14 du même code, que la LDJ puisse continuer de massacrer tranquillement les adolescents, les libraires, les intellectuels et les représentants de la loi, envoyez lui dès à présent vos dons en vous connectant sur son site internet très actif.
Vous pouvez également écrire à "Madame la ministre de la Justice, hôtel de Bourvallais, place Vendôme, 75001 PARIS".

lundi 14 septembre 2009

Ne pas rire avec la loi (4)




Article n°433-5 du code pénal. Jurisprudence n°23:
"Le délit d'outrage par envoi d'objets à l'égard de personnes dépositaires de l'autorité publique n'est pas constitué dès lors que celles-ci ont été atteintes lors de l'interpellation de l'individu qui voulait lancer une tarte à la crème sur le ministre de la culture; l'objet n'ayant pas été effectivement lancé, le délit d'outrage par envoi n'est pas constitué. Aix en Provence, 8 janv. 1996: Dr. pénal 1996. 157, obs. Véron.

mardi 8 septembre 2009

Ishtar



"Assarhaddon, roi des pays, ne crains rien!

Quel vent s'est levé contre toi, dont je n'ai pas brisé les ailes?
Tes ennemis rouleront à tes pieds comme des pommes du mois de Simanu.
Je suis la Grande Dame, je suis Ishtar d'Arbèles, qui jette à bas tes ennemis devant toi.

T'ai-je jamais dit des paroles auxquelles tu n'as pu te fier?
Je suis Ishtar d'Arbèles. J'écorcherai tes ennemis et te les livrerai!
Je suis Ishtar d'Arbèles. Je marcherai devant et derrière toi!
Ne crains rien! Tu es paralysé, mais moi, au milieu des malheurs, je me lèverai et siégerai à ton côté!

De la bouche de Ishtar-la-tasiyat, ressortissant d'Arbèles."

SAA IX 1.1 (collection d'oracles)

dimanche 6 septembre 2009

O jantes boavista...





La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Jantes boavista, de fort belle couleur,
Une Polo passa, son turbocompresseur
Dominant le tumulte... Et je me reculai.

Puissante et noble avec sa ligne de statue,
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant
Dans ses enjoliveurs où germe l'ouragan
La fixité qui charme et le plaisir qui tue.

Un éclair...puis la nuit! Fugitive beauté
Dont le châssis m'a fait soudainement renaître
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

In memoriam Charles Baudelaire.

samedi 5 septembre 2009

Que la lumière soit!





Dieu est bon. Dieu est grand. Il est la lumière
Des cieux et de la terre
Qui ressemble aux clartés sortant des luminaires,
Brillants astres de verre.

Son combustible sourd d’un olivier céleste :
Une huile singulière
D’un arbre qui ne vient ni de l’ouest ni de l’est.
Lumière sur lumière !

Dieu dirige celui qu’il veut vers sa lumière;
Il donne ses images
Et ses comparaisons à la terre entière.
Dieu est bon. Dieu est sage.

Dans les maisons, que Dieu a permis d’élever,
Dont les hommes sont pieux
Et célèbrent ses noms le soir et au lever,
Lumière en chaque lieu !

Nul négoce et nul troc ne troublent leurs pensées ;
Ils redoutent le jour
Où les cœurs et les yeux seront bouleversés :
Dieu paie. Dieu paie toujours.

Il récompensera les meilleurs de leurs actes
Et donnera leur dû
A ceux qui ont rompu ou respecté le pacte :
Oui, Dieu est attendu !

Sachez que l’incroyance est comme le mirage :
Certains y voient de l’eau
Et accourent vers lui, mais trouvent Dieu le sage
Qui les paie aussitôt.

Elle ressemble aussi aux profondeurs des mers
Où l’onde couvre l’onde :
Si l’homme étend la main il ne voit que chimère
Et ténèbres profondes.

Si Dieu le généreux refuse sa lumière,
Nul recours contre lui !
Mais tous les animaux des cieux et de la terre
Louent son nom jour et nuit :

Il connaît leur prière et sait la recevoir,
Et quel que soit le lieu,
Dans les cieux, sur la terre : à lui seul le pouvoir.
Tout reviendra vers Dieu.

Librement inspiré de la sourate "la Lumière", du Coran.

vendredi 4 septembre 2009

La reine du traquenard





Vous ne me voyez pas, mes chers petits insectes...
Vous voyez seulement ce qu’il vous plaît de voir :
Une toile perlée, blanche comme l’ivoire,
Le sautoir de rosée d’un aimable architecte ;

Pourquoi virevolter d’une aile circonspecte
Si ce charmant collier a su vous émouvoir ?
Puisque ma soie si chaste a ce puissant pouvoir,
Au moins j’aurai celui qu’elle vous soit suspecte

A la fin. Pose-toi voyageur fatigué !
Ton aile est vacillante et ton oeil intrigué,
Ta tête s’alourdit, ton ventre désespère :

As-tu jamais rêvé d’un refuge plus beau ?
Je te l’offre. Et mon pauvre époux, dans son tombeau,
T’accueillerait aussi -comme accueillent les pères.

jeudi 3 septembre 2009

Le corbeau et le canard

Extrait du « Canard Enchaîné » de cette semaine :

« C’est à la fin septembre que le général Mc Chrystal, patron des forces alliées, fera le point avec Obama sur l’état de la guerre en Afghanistan. Il faut laisser au président américain le temps d’étudier les deux rapports que le général vient de remettre au commandement central des forces US. Naïf qui s’étonnerait de ce « comportement impérial » selon la formule d’un officier français de haut rang. C’est au président des Etats-Unis que s’adresse directement le général, et pas aux responsables politiques ou militaires des pays membres de l’OTAN, qui n’ont obtenu les rapports de Mc Chrystal qu’une fois ceux-ci parvenus au Pentagone ».
(…)
« A l’Elysée et à l’état-major français, on s’attend à devoir affronter de nouvelles exigences américaines. Plusieurs généraux des armées de terre et de l’air freinent déjà des quatre fers à l’idée d’envoyer d’avantage d’hommes au feu. »

Extrait du discours de M. De Villepin à l’Assemblée Nationale, salle Victor Hugo, le mercredi 1er avril 2009:

« Deuxième pari : codiriger l’OTAN... Je demande à voir ! Je demande à voir ce qu’en Afghanistan nous allons codiriger. Je vois très bien la nouvelle stratégie des Etats-Unis en Afghanistan et je vois très mal la contribution que nous y apportons. Arrivant en Europe, n’ayant rencontré personne, cette stratégie est définie ; effectivement c’est conforme à ce que j’ai toujours vu sur la scène internationale: les Etats-Unis ont une diplomatie qui suppose beaucoup de débats intérieurs, et une fois que cette diplomatie a arrêté ses positions, il y a peu de place pour la discussion avec les alliés. Très peu de place. Il va donc falloir une forte voix et beaucoup d’énergie pour se faire entendre. Or je ne suis pas sûr, en dépit des déclarations qui sont faites, que nous ayons tout à fait la même vision en Afghanistan (…) Dès lors que nos soldats sont là-bas, tout ceci mérite que l’on s’explique devant les français : j’attends donc non seulement la voix de la France, mais j’attends également d’être informé sur les critères qui feront que nous considérerons telle ou telle stratégie comme marquant des points, confortant ou non le maintien de nos forces là-bas. (…) Mais ne nous habituons pas à considérer comme normal l’envoi des troupes françaises sur un quelconque théâtre : c’est toujours un compte à rebours quand on envoie des troupes, et c’est toujours une nécessité que de prévoir leur retour (…) ».

mercredi 2 septembre 2009

Journalisme

Extrait de l'entretien entre messieurs Jean-Claude Marin ("JCM" dans le texte ci-dessous), procureur de la république de Paris, et Jean-Pierre Elkabbach (JPE), journaliste d'Europe 1, le vendredi 28 août 2009:


Remarque préliminaire: les fautes de syntaxe commises par monsieur Elkabbach n'ont pas été corrigées afin de ne faire aucune erreur d'interprétation.


JPE: A quelques jours de ce procès, monsieur Jean-Claude Marin, quels sont les faits, qui, selon vous, sont établis?
JCM: Pour moi, il est totalement établi que les listings -dits "de la banque Clearstream", sont des listings qui ont été falsifiés pour nuire, et servir certains intérêts particuliers.
JPE: De qui?
JCM: D'abord d'un membre de la société EADS, le numéro 3, monsieur Jacques Morin, qui avait des comptes à régler et qui avait des fantasmes notamment sur la disparition de Jean-Luc Lagardère.
JPE: Donc vous en faites, de Jean-Louis Gergorin, l'inspirateur ou l'instigateur?
JCM: J'en fait un des inspirateurs et un des instigateurs. Derrière, il y a un homme de main qui s'appelle Lahoud. Et enfin, enfin -là les thèses divergent entre les juges d'instruction et le ministère public, il y a le rôle de monsieur De Villepin, dont les juges disent qu'il est l'instigateur premier de l'ensemble du système, moi dont je dis qu'il est un des bénéficiaires collatéraux, mais parfaitement conscient.
JPE: C'est à dire qu'il n'aurait pas inspiré une affaire qui lui a été présentée mais qu'il l'aurait exploitée?
JCM: Il a, à mon avis, mais l'audience sera essentielle parce qu'on va mettre...
JPE: on y viendra.
JCM: ... on va mettre face au public tous les éléments et face au tribunal tous les éléments, mais je pense qu'il y a, par-delà un effet d'aubaine dans un combat politique que l'on connaît, il y a une utilisation frauduleuse d'une information que l'on savait fausse par un corbeau que l'on connaissait.
JPE: Le corbeau étant?
JCM: Jean-Louis Gergorin.
JPE: Et donc Dominique de Villepin, si ces propos -les vôtres, sont vrais, il en aurait profité passivement?
JCM: C'est la thèse que nous avons développée et que nous soumettons au tribunal.
JPE: Et vous avez des preuves?
JCM: Nous avons un certain nombre d'éléments qui sont des éléments à la fois concrets, écrits - et notamment les verbatim du général Rondot. Nous avons un certain nombre d'éléments de circonstance. Le tribunal en décidera.
(...)




Article 434-16 du code pénal 2009: "La publication, avant l'intervention de la décision juridictionnelle définitive, de commentaires tendant à exercer des pressions en vue d'influencer les déclarations des témoins ou la décision des juridictions d'instruction ou de jugement est punie de six mois d'emprisonnement et de 75 000 Euros d'amende. Lorsque l'infraction est commise par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables"
v. circ. 14 mai 1993, n° [346]
Corresp.: c. pén., ancien art. 227.


Jurisprudence n°1 (pressions): l'art. 227 du code pénal n'incrimine les commentaires publiés avant l'intervention d'une décision juridictionnelle définitive que dans la mesure où ils tendent à exercer des pressions sur les déclarations des témoins ou la décision des juridictions d'instruction ou de jugement. Crim. 15 mai 1961: Bull. crim. n°257; 5CP 1961.11.12233, note Mimin; RSC 1961.803, obs. Hugueney. 2 mai 1963: Bull. crim. n°164; D. 1965.235, note Souty; RSC 1963.802, obs. Hugueney. 4 nov. 1987: Bull. crim. n° 388. 27 oct. 1992: ibid. n°343.


Jurisprudence n°2: la cour de cassation a le contrôle du point de savoir, au vu desdits commentaires, si dans les termes et dans la forme où ils sont établis, ils tendaient à exercer lesdites pressions. Crim 2 mai 1963: préc. note 1. 4 nov. 1987: préc. note 1. 27 oct. 1992: préc. note 1.

Orchidée





Oui, humains : je vous vois ! Tous les jours. Vos crépides
Me frôlent quelquefois, et, au moindre contact,
Je frissonne et je prie pour qu’on me laisse intacte.
O Pan, éloigne donc ces foulées intrépides :

J’ai peur. Mais laisse-moi les propos insipides,
Les conversations vaines comme des tracts :
Dans mon opéra vert il me faut un entracte ;
Car moi, petite fleur, de vos grands airs stupides,

Je ris ! Voyez cet homme et voyez cette femme :
Ils sont grands, ils sont lourds, et leurs rires énormes
Ponctuent affreusement la grossière gamme

De leurs sons. Poursuivez ! J’aime changer de formes,
J’aime changer de bruits et j’aime voir Cybèle
Habillée de laideur alors que je suis belle.