lundi 12 octobre 2009

Un belge lit les images

Ci-dessous quelques extraits(1) de l’ouvrage de Paul-Eric Blanrue « Sarkozy, Israël et les juifs », qu’il me semble indispensable d’avoir dans sa bibliothèque.
Rappelons que l’historien a été obligé de frapper à la porte d’un éditeur belge pour parvenir à diffuser son livre !
C’est affreux.
Bien évidemment, ces belges n’ont pas encore compris toute la portée de « Sarkozy, Israël et les juifs » : voilà pourquoi je recommande vivement aux lectrices et lecteurs français de se pencher eux-mêmes sur la question.

Cordialement.

PLG

PS: j'aime me faire bien voir.





"Fondé en mars 2009, sur le modèle du Tribunal international des crimes de guerre créé lors de la guerre du Vietnam par Bertrand Russell et Jean-Paul Sartre, le tribunal d'opinion [Russel sur la Palestine] a pour objectif de « mobiliser les opinions publiques pour que les Nations unies et les États membres prennent les mesures indispensables pour mettre fin à l'impunité de l'État d'Israël, et pour aboutir à un règlement juste et durable de ce conflit».
L'organisme ne siégera qu'en 2010; pour le moment, il enquête. Pour la France, on y remarque, entre autres, la présence du journaliste Henri Alleg; de l'ancien résistant Raymond Aubrac; du philosophe Étienne Balibar; de l'éditeur et écrivain Éric Hazan; de Stéphane Hessel, ambassadeur de France; du géné­ticien Albert Jacquard; d'Alain Joxe, directeur d'Etudes à l'EHESS; de l'écrivain François Maspero; de Gustave Massiah, président du CRID (Centre de recherche et d'information pour le développement); de l'écrivain et ancien ambassadeur Éric Rouleau; de l'avocat François Roux; du physicien Gérard Toulouse.
À la lecture de ces noms, on peut se demander où sont passés les intellectuels parisiens, qui militent pour le Darfour au nom des droits de l'homme, avec une véhémence inattendue, s'agissant d'un pays que rien ne rattache à l'histoire des Français en général, ni des Français juifs non plus. BHL, qui a écrit une biographie de Sartre, ne paraît pas tenté de suivre l'exemple de son héros lorsqu'il s'agit de l'adapter aux temps présents. Ni lui, ni ses confrères, ni le CRIF, ni d'ailleurs les hommes politiques proches de la majorité présidentielle.
Au contraire, les réseaux pro-israéliens français bombent le torse et ne tolèrent pas la moindre critique, créant un climat orwellien, où la paix devient la guerre et où la liberté se réduit à l'esclavage. Leurs faiblesses argumentaires les entraînent à réclamer une véritable dictature de la pensée pour imposer des points de vue que les faits contredisent; une bonne partie des élites, animées par la peur des banlieues (suspectées d'être un sanctuaire de terroristes en puissance puisque rassemblant une forte population d'origine immigrée), les suivent, comme l'indique leur silence sur la question.
Or le fait est indéniable: le judaïsme et le sionisme sont de natures différentes.
L'un et l'autre peuvent se croiser, se rencontrer, se superposer, mais aussi entrer en contradiction et même s'exclure. Cette information capitale est dissimulée par les réseaux pro-israéliens, qui agrègent ces deux notions pour satisfaire des inté­rêts immédiats, sans se soucier des dégâts qu'ils peuvent causer. Avant qu'une catastrophe n'advienne, il serait «temps», comme dit Naomi Klein, que la communauté juive de France dénonce le comportement irresponsable de ses représentants et de Nicolas Sarkozy pour s'engager dans une voie qui la libère des mots d'ordre figés et stéréotypés.
(…)

Comme en Israël, la communauté juive de France est au pied du mur. Non seulement la minorité juive y est elle-même décroissante, mais ses couches supérieures, que Sarkozy veut défendre du « péril banlieue», sont menacées dans leur statut par la profondeur de la crise.

Les privilégiés sionistes, juifs ou non, agissent déjà comme des perdants acculés. Leur stratégie est suicidaire. La restriction des libertés à laquelle ils ont poussé le législateur prive la nation d'expression et la coupe ainsi de cette ultra minorité. Le dialogue entre les représentants de la communauté juive et le reste de la société n'est plus qu'un simulacre. Les sionistes se réfugient dans leur tour d'ivoire et deviennent des émigrés mentaux, qui tentent de se consoler en se disant qu'ils eussent été plus à l'abri aux États-Unis. Mais, à l'image d'Israël, les États-Unis s'effritent, eux aussi, et les sionistes n'ont plus aucune solution de repli.
(…)

À défendre Israël contre vents et marées, Nicolas Sarkozy est en retard sur la marche de l'histoire et conduit la France dans une impasse. Le monde est en plein bouleversement: la Russie, la Chine, l'Inde et l'Amérique du Sud émergent, rendant caducs les vieux schémas idéologiques et les alliances des années 1970. Notre pays, au lieu de chercher à consolider un système qui s'écroule, devrait s'interroger et commencer à s'engager dans une autre voie que celle que lui fait emprunter Nicolas Sarkozy. Ce serait de notre intérêt et pour notre plus grande gloire. Nous avons encore la possibilité de nous inté­grer dans une lutte émancipatrice, comme nous le fîmes à l'époque où la Déclaration des droits de l'homme n'était pas encore devenue le cache-sexe de l'impérialisme. Ne ratons pas cette occasion.
Un retournement des alliances nous permettrait de devenir l'avant-garde de la radicalité et de renouer avec notre plus haute tradition morale, Suivre la politique amorcée par le président de la République nous condamne à devenir le supplétif de puissances que l'histoire est en passe de condamner. "

(1) Paul-Eric Blanrue, "Sarkozy, Israël et les juifs", Editions Oser Dire, Embourg, 2009, pp.198, 199 et 201 (avec l'aimable autorisation de monsieur Marco Pietteur)