samedi 20 février 2010

Ne pas rire avec la loi... (10)

La tête de liste creusoise du FN pour les élections régionales, Claude Picand, 74 ans, a été reconnu coupable de violence contre le maire de Guéret pour l’avoir plaqué contre sa voiture, a révélé la Nouvelle République. Le septuagénaire a été condamné à verser un euro de dommages et intérêts à l’élu ainsi que 300 € à l'Association des maires de France. Claude Picand devra également effectuer un stage de citoyenneté. A l’origine du coup de sang de Claude Picand, qui reconnaît les faits, son absence dans le bulletin municipal. Aucune photo de lui ne s’y trouve.

Cependant les ennuis de la tête de liste ne sont pas terminés pour autant. Lorsqu’il a appris sa condamnation à un stage de citoyenneté, le candidat frontiste a rétorqué : « Un stage de citoyenneté ? Vous me prenez pour un Arabe ? » Une phrase qu'il a répétée à la demande du président du tribunal, estomaqué. Claude Picand comparaîtra donc à nouveau devant la justice, cette fois pour outrage à la cour.

Le Figaro, 17 février 2010.


"Sauf à prétendre que les propos du prévenu sont dénués de sens, le caractère racial de l'expression "gros zébu fou" appliquée au président d'une association de lutte contre le racisme est parfaitement explicite; le débat sur l'origine géographique du zébu qui, selon les écritures de la défense, serait "né en Asie, immigré ensuite à Madagascar et seulement ensuite en Afrique tropicale", importe peu, dès lors que cet animal est assimilé dans le langage courant à un bovidé de la faune africaine; les origines africaines de la partie civile étant de notoriété publique, elles sont à l'évidence visées en l'espèce, au même titre que l'origine ou la religion des autres personnes ciblées dans la phrase incriminée. Paris, 7 janv. 1998: Dr. pénal 1998. 66, obs. Véron... Quant à la thèse selon laquelle l'expression en cause ne serait que l'"évocation pittoresque des assauts ardents et des charges délirantes effectuées contre lui par un adversaire politique", elle ne résiste pas à l'examen, tant il va de soi que d'autres animaux auraient alors mieux correspondu à ladite évocation tout en étant plus familiers du public auquel s'adressait en l'espèce le prévenu. Même arrêt. Décision confirmée en cassation: Crim. 13 avr. 1999: Bull.crim. n°77; D.2000.Somm.119, obs. de Lamy; Dr. pénal 1999. 118, obs. Véron.
(106ème édition du code pénal. Jurisprudence n°22)