vendredi 20 novembre 2009

"Nec vero obscurae...

...lux illa simillima luci
Quae nostros hebetat mixtâ caligine visus:
Terrenae nil lucis habet coelestis origo!
Nescio quid coeleste mihi per pectora semper
Insinuat, pleno currens ceu flumine, numen." (1)

Arthur Rimbaud (1854-1891)




Château de Lapalice, mur d'enceinte nord - partie féodale


C'est dans la chaire de Moïse
Que scribes et pharisiens
Siègent. Ainsi, ce qu'ils vous disent,
Observez le, n'omettez rien.
Mais ne marchez point sur leurs pas:
Car ils disent mais ne font pas.
Ils font un écheveau de lois
Pesant, en accablent les hommes,
Cependant qu'eux-mêmes, en somme,
Ne supportent rien de ce poids.

Ils veulent qu'on les considère
Et portent, comme des fontanges,
Ici de larges phylactères,
Là, sur l'habit, de longues franges.
A la synagogue, aux banquets,
Ils aiment être remarqués:
Ils aiment souvent apparaître
Sur les places publiques comme
César, et, salués des hommes,
Y recevoir le nom de "maître".

Pour vous, n'acceptez pas ce titre,
Parce qu'un seul est le vrai Maître:
Celui qui dans les cieux arbitre
Tout. Tout le monde, tous les êtres.
N'acceptez pas le nom de "guide"
Parce qu'il n'y a qu'un seul guide:
Le Christ; et le titre d'"Altesse"
Sera pour ceux-là qui vous servent.
Abaissé celui qui s'élève!
Elevé celui qui s'abaisse!

Librement inspiré de l'Evangile (Matthieu; XXIII, 2-12)


(1) Assurément cette lumière-là n'a rien de comparable à l'obscure lumière qui, tissée d'ombre, obscurcit notre vision. Son céleste principe n'a rien de la lumière terrestre! Comme un cours d'eau abondant, une puissance divine infuse sans cesse en mon âme je ne sais quoi de sublime.