dimanche 29 novembre 2009

Petites magouilles entre amis

Eric de Montgolfier à propos de ses enquêtes dans le sud de la France: « je ne comprenais pas un certain nombre de mécanismes, ce qui me paraissait être des erreurs, parfois au-delà... Puis progressivement on a commencé à me dire: "Vous ne comprendrez rien ici si vous ne songez pas à la franc-maçonnerie». »

Les bons conseils n'ont pas manqué. «N'allez pas croire que toutes les affaires de la Côte d'Azur tiennent à la franc-maçonnerie, vous passeriez à côté du sujet. » (...) La franc-maçonnerie n'a peut-être pas fait main basse sur la Côte, mais la Côte a gangrené la maçonnerie.
Le terrain était, il est vrai, fertile. Le clienté­lisme, vieille coutume locale de l'ancien comté de Nice, à base de services rendus, de petits arrangements en dehors de la loi, si ce n'est hors-la-loi, a façonné le maçonnisme local. Jacques Médecin, maire de Nice de 1966 à 1995, a marié l'un et l'autre. Lui-même a été discrètement initié aux Etats-Unis. En France, ses deux plus fidèles lieute­nants, Jean-Paul Claustres, chef de cabinet, et Jean Oltra, directeur des relations publiques de la mai­rie, ont d'abord tâté du GO avant de miser sur la GLNF. Si le système Médecin ne se résume pas à la maçonnerie, il a en partie reposé tout de même sur ces deux frères qui ont dirigé une kyrielle d'associations paramunicipales (Radio Baie des Anges, Nice-Opéra, Nice-Communication, comité des fêtes, festival du film italien), ou encore 4 In (pour Institution d'Initiation à l'Informatique Indi­viduelle ... ), qui ont été mises en cause dans diffé­rentes instructions. Un autre frère, Lucien Salles, se voit également confier quelques associations annexes, dont La Grande Parade du Jazz. Leurs revenus dépassaient les 100 000 francs par mois. Dans J.M., le feuilleton niçois, Bernard Bragard, Frédéric Gilbert et Catherine Sinet évaluent à plus de un milliard de francs les sommes perçues, en dehors de tout contrôle, par ces associations entre 1983 et 1989. Pour ce qui concerne Jacques Méde­cin, une enquête fiscale découvrira quelques dizaines de millions de francs déposés sur un compte à la Bank of California. (...) Francis Guillot (PDG d'une société d'éclairage urbain qui n'avait rien à refuser au maire de Nice) est à la GLNF. Il sera condamné en août 1995 à cinq ans de prison pour avoir versé 4 millions de francs à Jacques Médecin en échange de marchés publics.(...) C'est un acquis intangible du médecinisme: rien ne se fait sans la franc-maçonnerie. (...)Le principal accusateur local [de Jacques Médecin], Michel Lacroix, a lui-même été récupéré par la GLNF.
(…)
Michel Mouillot a évidemment postulé : il a été initié à Paris au début des années 80(…) Une fois mis sur orbite à Cannes, dans l’optique des municipales de 1989, il peaufine son financement. (…) Les entreprises acceptent de surpayer des pages de publicité dans son journal des républicains des Alpes maritimes, en espérant être bien traitées par le futur maire. Dans la grande tradition de Jacques Médecin, Michel Mouillot monte toute une série d’associations (pour la promotion du sport, pour la promotion des arts,…) dont le principal intérêt est d’alimenter son propre trésor de guerre au lieu des caisses du Parti Républicain (aujourd’hui Démocratie Libérale) (...) Sitôt élu en 1989, le nouveau maire de Cannes lance un appel à peine voilé aux vocations: quiconque voudra traiter avec la municipalité devra en passer par les ateliers. C'est la ruée. "J'ai fondé 17 loges, témoigne un ancien de l'équipe Mouillot. On a fait entrer tout le monde, même des opposants... Tous les marchés publics étaient accordés à des maçons, pas un ne leur échappait. Même en Italie, le système n'était pas aussi verrouillé."
(...)
Par pudeur, [le procureur adjoint du tribunal de Grasse]fut enregistré dans une loge voisine du Var, Rudyard Kipling, pour lui éviter d'être directement en contact avec des frères peu recommandables. (...) [Dans cette loge], des frères italiens dans le besoin y trouvaient parfois gîte et couvert.
(...)
Guy Kornfeld est devenu un rouage du système: sa régie publicitaire monégasque encaisse des factures d'entreprises travaillant pour la mairie de Cannes; en échange il publie des portraits élogieux de Michel Mouillot dans sa revue Monte-Carlo-Côte d'Azur.
(...)
La GLNF n'en continue pas moins d'affirmer qu'elle traque sans relâche les éventuelles brebis galeuses. Dans la province Alpes-Méditerranée, cette tâche relève du nouveau Grand Porte Glaive local, Alain Taddéi. (...) Ce haut fonctionnaire de la PJ de Nice est à l'origine de l'incarcération pendant 28 jours de Michel Lacroix... militant anti-corruption, principal opposant à Michel Mouillot (...) Il n'y avait strictement rien à reprocher à Michel Lacroix, ce que reconnaîtra la Cour de cassation.
(Extraits du chapitre 3 des "Frères Invisibles", de Ghislaine Ottenheimer & Renaud Lecadre)

[Francis Poullain] deviendra l'un des partenaires réguliers de l'Office des HLM des Hauts de Seine, dont le président était Patrick Balkany, et le directeur Didier Schuller. Deux frères encore! Plein de bonne volonté, Poullain achète des pleines pages de publicité dans le journal électoral de Schuller, Le Clichois, au tarif colossal de 100 800 francs la page. Ce pasquaïen sans complexe envisageait de faire son nid à Clichy. ( Les frères invisibles, p.199)


François Stifani, est avocat spécialisé en droit des affaires et en fiscalité internationale. Il fut initié au Droit Humain avant de rejoindre la GLNF. Grand Maître provincial en Alpes-Corse-Méditerranée pendant la période 2002-2005, il est actuellement Grand Maître de la GLNF (depuis 2007). Pour l'anecdote, il aurait été le parrain en maçonnerie de Marcel Giordanengo, dit "Marcel la Salade", malfrat bien connu de la Côte d'Azur.
Dans le "Nice Matin" du samedi 18 octobre 2008, il déclare à propos de son obédience: « Les dérives appartiennent au passé ».


Extraits du journal "Le Point" du 25 novembre 2009:Corruption: perquisition à la mairie de Saint-Jean-Cap-Ferrat.
La police a mené mercredi après-midi des perquisitions dans la mairie de Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes), une commune huppée de la Côte d'Azur, dans le cadre d'une affaire de corruption, a indiqué le sénateur-maire UMP de cette commune, René Vestri.
"Ils voulaient savoir les liens que j'ai avec Alberti. Je n'ai aucun chantier avec lui, je n'ai rien à voir avec lui", a indiqué à l'AFP M. Vestri.
La veille, dans le cadre de la même enquête, les perquisitions avaient porté sur une autre commune de la Côte d'Azur, Beausoleil, dont le maire Gérard Spinelli (SE) a été placé en garde à vue.
(...)
Lino Alberti figure parmi la quinzaine de personnes placées mardi en garde à vue dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par le parquet de Marseille pour corruption, abus de biens sociaux et blanchiment.
(...)
Parmi les personnes interpellées mardi à l'aube, un ancien de la Camorra (la mafia napolitaine), Gianni Tagliamento, dit "l'araignée", qui avait été mêlé à une tentative de prise de contrôle du casino de Menton à la fin des années 80.
Roger Mouret, dit le "Gitan", une figure du gang des "Italo-Grenoblois", figure également parmi les personnes placées en garde à vue.
Par ailleurs, l'épouse et la fille du maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat ont été interpellées, indique-t-on de source proche du dossier.
L'avocat de M. Vestri, Gérard Baudoux, a confirmé à l'AFP que la fille de M. Vestri avait effectivement été interpellée ainsi que l'épouse du maire, Lucette, mais, a-t-il précisé pour cette dernière, sans placement en garde à vue.
M. Vestri, qui avait été entrepreneur du BTP dans le passé, a comparu le 16 octobre devant le tribunal correctionnel de Nice, accusé d'avoir détourné des subventions destinées à un échange culturel avec une commune italienne, Bovese. Le procureur a requis contre lui 4 mois de prison avec sursis. Le jugement sera rendu vendredi.

Le lendemain, 26 novembre, sur "Actu 24":
"Lino Alberti serait soupçonné d'avoir versé des pots de vin pour obtenir des marchés publics -pots de vin versés à des élus"


Le Figaro du 25 novembre:
Paca : l'affaire qui embarrasse le PS -
La région présidée par Michel Vauzelle est visée par une enquête sur des subventions à des associations.
Voilà deux ans que le dossier est sensible. À l'approche des élections régionales, il devient maintenant explosif, chaque rebondissement semblant rapprocher un peu plus juges et policiers du cœur du conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d'Azur présidé par Michelle Vauzelle. Ces derniers mois, plusieurs cadres de l'assemblée régionale ont déjà été mis en examen pour complicité de détournements de fonds publics. Et devant le juge, certains d'entre eux ont choisi de dénoncer les stratégies «clientélistes» des élus socialistes dans leurs choix des subventions accordées à des associations des quartiers nord de Marseille.
L'affaire concerne quelque 700 000 euros versés entre juin 2005 et janvier 2007 à des associations fictives. Un homme de paille aurait d'abord créé plusieurs de ses structures, avant de les déclarer et de solliciter l'aide financière de la région. Mais les associations étaient en réalité des coquilles vides et ne se consacraient en rien à l'animation des quartiers.
Les mouvements financiers suspects sautent d'abord aux yeux de l'organisme antiblanchiment Tracfin, en juin 2007, avant d'être épinglés par une inspection générale du conseil régional. Les contrôleurs se rendent compte que des prétendus minibus acquis par les associations n'ont jamais été achetés. Quelques mois plus tard, les policiers financiers, mandatés par le juge d'instruction marseillais Franck Landou, réaliseront même que les subventions versées par la région au titre de la politique de la ville ont en réalité été consacrées à l'achat de voiture personnelle ou de matériel de cuisine pour la société de l'un des chefs de file des associations fictives.
Bombe à retardement:Sur ce volet du dossier, sept personnes ont été mises en examen. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur s'est constituée partie civile. Mais la collectivité locale s'est à son tour trouvée dans l'œil du cyclone quand le juge s'est intéressé aux conditions d'attribution des subventions. Après les responsables d'associations, les mises en examen se sont concentrées sur les fonctionnaires de la région et les membres du cabinet. Dernier visé en date, comme l'a écrit mardi Le Parisien : l'ancien directeur à l'aménagement du territoire du conseil régional mis en cause pour ne pas avoir assez contrôlé le bien-fondé de ces subventions. Mais l'inquiétude pour la région vient d'ailleurs.
Une bombe à retardement figure en effet dans le dossier depuis juin 2008, date à laquelle la figure de Roland Balalas y est apparue. Ce militant était, à la période visée, secrétaire général du groupe socialiste à la région et assistant parlementaire de la députée socialiste Sylvie Andrieux. Quand le juge l'entend, Roland Balalas lâche cette révélation : les subventions étaient versées dans un but «clientéliste» et avaient pour but de maintenir des «réseaux d'influence» politiques dans les quartiers nord de Marseille. Sur procès-verbal, le militant met précisément en cause la députée Sylvie Andrieux. Selon lui, le fait d'accorder les subventions permettait - via les «réseaux d'influence» - d'acheter paix sociale et popularité.
Le dossier s'est depuis enrichi d'autres déclarations. Elles proviennent notamment de fonctionnaires de la région. Selon eux, la préoccupation politique était constante dans l'octroi des subventions litigieuses. Aucun élu n'a cependant pour l'heure été inquiété. La députée Sylvie Andrieux avait demandé, dès cet été, à pouvoir s'expliquer. Avant Noël, elle pourrait être entendue, comme témoin, avant que des infractions pouvant lui être reprochées soient déterminées. Déjà, depuis mai dernier, sa délégation de vice-présidente à la région lui a été retirée par Michel Vauzelle. L'entourage du président de la région affirmait alors qu'il s'agissait de laisser l'enquête se dérouler normalement. Aujourd'hui, dans ce même entourage, on s'étonne et on s'inquiète de la proximité des calendriers politiques et judiciaires.

http://vitrollesenprovencelyon.20minutes-blogs.fr/archive/2009/02/13/roland-balalas-suit-les-peds-de-son-geniteur-theo-balalas-ex.html
« Balalas était l’interface politique entre les associations fictives et la région, ce qu’il ne conteste d’ailleurs pas », décrit un poulet marseillais. Mais, plus pernicieux, les flics le soupçonnent d’avoir « aidé au montage des dossiers de subvention, tout en sachant que ces opérations assoc’ étaient bidons ». Aussi bavard que malin, Balalas, lors de sa garde-à-vue du 3 juin 2008, n’a pas hésité à charger un brin les élus. « Quasiment la totalité » du système de détournements de fonds publics au sein du conseil régional serait connue selon ses dires. Et destinée à ménager les susceptibilités de personnes influentes sur le terrain, notamment lors des élections. Au sein des associations grassement subventionnées par le Conseil régional, affleurent ainsi des noms « très défavorablement connu de notre documentation criminelle », précisent très doctement les flics. Un certain M. Same, à l’origine des associations soupçonnées d’escroquerie, concentre toute l’attention des poulets.

Michel Vauzelle, né le 15 août 1944 à Montélimar (Drôme) est un homme politique français. Il est ancien ministre, député, président socialiste de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur depuis 1998 et président de l'Eurorégion Alpes-Méditerranée. Il est également membre du groupe d’amitié parlementaire France-Israël.

Extraits de l'article du Canard Enchaîné du 21 octobre 2009 intitulé "Le groupe Hersant lance la presse de proximité politique" - par Christophe Nobili:
Partenariats en Provence entre les sites Internet des quotidiens et des municipalités UMP, articles cire-pompes en échange d'achats de journaux... De Marseille à Nice, la liberté de la presse est à la fête.
Grande première journalistique à Marseille. Le maire UMP Jean-Claude Gaudin et le pédégé du quotidien régional "La Provence", Didier Pillet, s'apprêtent à conclure un émouvant "accord de partenariat": une alliance entre... le site web de la ville et celui du journal. (...) Objectif de ce magnifique projet pour le journal: doper la fréquentation de son site et, du même coup, ses rentrées publicitaires. Après ça, aucun doute, "La Provence" aura toute latitude pour cirer les mocassins de Gaudin. Il y a bien longtemps que ce genre de considérations n'embarrasse plus Hersant Médias [dont l'héritier, Philippe Hersant, est résident fiscal en suisse]. (...) Hersant n'hésite plus à passer à l'étape supérieure: le partenariat politique. Quitte à laisser au vestiaire la liberté d'écrire de ses journalistes. Sur la Côte d'Azur, pas de surprise, les relations se resserrent plutôt avec les amis de UMP, dont les meneurs -Gaudin à Marseille, Falco à Toulouse, Estrosi à Nice -ont tant oeuvré pour favoriser l'arrivée d'Hersant dans leur région. (...) Un responsable syndical de "Nice-Matin": "on propose par exemple à un maire d'accélérer la cadence des articles sur les associations de sa ville et, en échange, la mairie nous achète des piles de journaux qu'elle distribue ensuite gratos, aux responsables de ces associations"(...) Cet été, "La Provence" a démarché plusieurs mairies UMP de la Côte (Cassis, Saintes-Maries de la Mer, La Ciotat, Marseille, etc...) pour leur mettre ce marché en main: quelques pages locales vantant les activités estivales de la ville contre l'achat de milliers de journaux. Lesquels ont ensuite été offerts aux vacanciers sur les plages... (....) Sur les terres de l'UMP Maryse Joissains, à Aix-en-Provence, une belle entente a été célébrée autour de l'exposition Picasso (mai-septembre 2009). Cette fois il ne s'agissait pas d'un paquet de journaux mais d'un paquet d'oseille. (....) Dans [la proposition] de quinze pages, le journal promettait un..."appui rédactionnel". Autrement dit la garantie d'une couverture très suivie de l'événement, avec un calendrier d'articles fort gentils établis à l'avance. Un sacré mélange des genres. Prix de ce panier garni: 80 000 Euros. Joissains a payé. (...) A Cannes, le député-maire UMP Bernard Brochand, lui, pratique un autre genre de collaboration. La semaine dernière, il s'est acheté une "édition spéciale" de "Nice-Matin" à la gloire de ses grands projets urbains et de sa vidéo-surveillance. (...) Son voisin de Nice, Christian Estrosi, inonde la même gazette de pleines pages de pub en couleurs. (...) D'ailleurs Estrosi vient de passer un nouveau marché avec la régie pub des journaux Hersant, à laquelle il promet jusqu'à 1,2 millions d'Euros d'annonces par an, renouvelable pendant trois ans."

A noter que Christian Estrosi est à nouveau cité dans le Canard Enchaîné du 28/10 ("Le maire de Nice savonne la planche d'Estrosi"): il y est mis en cause indirectement dans le cadre des déboires que connaît la Financière Sport et Loisir, une société qui n'avait pas encore, à la date de l'article, récupéré les 1,1 millions d'Euros que lui devait la mairie de Nice. Situation menaçant plus de 200 emplois.

« Si l'on récapitule, les frères ont jalonné le parcours du Président [Sarkozy] et sont encore nombreux autour de lui: dans le premier cercle, si l'on excepte Patrick Balkany, qui assure ne pas être concerné, on compte Brice Hortefeux, Christian Estrosi (ancien membre de la GLNF), Patrick Devedjian - qui dément, et bien sûr, Xavier Bertrand. » (p. 85 -et p.238, de Un Etat dans l'Etat)


Quelques remarques: les passages surlignés tendent à insister sur « l’aberration économique » que représentent ces méthodes publicitaires. Il est évident que le contribuable provençal s’y retrouve … un peu moins que le groupe Hersant. Par contre, il n'est pas évident que certains responsables politiques provençaux n’y trouvent pas, eux, leur compte. Leur propre compte personnel. Un compte très rond.

Hypothèse hardie :
Monsieur Hersant n’a plus de sous. Il ne gagne plus que 756 millions d’euros par an au lieu des 980 millions d’euros habituels. Il est très triste. Alors du coup il va déjeuner avec monsieur Gaudin et lui dit, au moment du café : « Jean-Claude… je suis très triste : je ne gagne plus que 756 millions d’euros par an au lieu des 980 millions d’euros habituels. » A ces mots, bien sûr, monsieur Gaudin a du mal à retenir ses larmes. Il s’essuie les yeux sur son tablier et dit en reniflant, la main tendrement posée sur l’épaule de monsieur Hersant: « Rassure-toi Philippe: mes contribuables vont pouvoir t'aider! Tiens : savais-tu qu’ils ont très envie d’avoir des nouvelles quotidiennes du club de couture ?... Si tu leur mets un article dans ton journal, je te donne de leur part 3 milliards d’euros ! » Monsieur Hersant est très consolé. Il est tellement content que pour remercier monsieur Gaudin, il lui verse 1 milliard d’euros sur un compte à l’île de Pâques...
Ce n'est qu'une hypothèse hardie.

Extraits de l’article du Canard Enchaîné du 11 novembre 2009 intitulé « Une belle « cagade » du PS dans les poubelles de Marseille » - toujours par monsieur Christophe Nobili
« Dans les rangs socialistes, certains s’interrogent sur les vraies raisons du coup d’éclat d’[Eugène] Caselli. Le 4 novembre, en effet, pour mettre fin à la grève des éboueurs, le patron PS de l’agglomération [ de Marseille] n’y est pas allé de main morte. Il a subitement décrété l’annulation d’un gros marché de ramassage des ordures dans le centre-ville, attribué au géant danois ISS, au détriment de la société locale Bronzo [ rien d’étonnant au vu des offres respectives] (…) Les dirigeants de Bronzo ont mal pris l’affront et lancé la grève. Officiellement, Caselli a fini par céder sous la pression malodorante des poubelles qui s’entassaient dans les rues depuis six jours. En réalité, d’autres pressions l’ont un peu aidé à capituler : celles du grand chef PS des Bouches du Rhône, Jean-Noël Guérini, et de son frérot, Alexandre, autre éminent socialiste et manitou local du traitement des ordures. Le 24 octobre, soit trois jours après la décision de la commission des marchés, quelques sociétés ont pu ainsi assister à une drôle de scène à Berre-l’Etang, commune voisine de Marseille. A l’issue d’une réunion interne du PS, Jean-Noël Guérini a pris Caselli à part pour lui dire tout le mal qu’il pensait de l’attribution du marché au danois ISS. Le ton est vite monté entre ces deux vieux camarades. Soudain, Caselli [s’est écrié] : « J’irai pas en prison pour vous ! » Motif de l’embrouille : Guérini venait tout bonnement de demander à son fidèle second d’user de son pouvoir de président de la communauté urbaine pour casser l’appel d’offres. Mais joint par « Le Canard », l’intéressé nie (…) Une autre sévère engueulade a eu lieu peu de temps après, en pleine grève, dans le bureau de Caselli. Ce dernier campant sur ses positions, Jean-Noël Guérini, accompagné de proches collaborateurs et de son frangin Alexandre, est revenu à la charge, lui rappelant gentiment tout ce qu’il lui devait : « On t’a donné la présidence de la communauté ». (…) Finalement, ce pauvre Caselli –coincé, peuchère, entre ses tas d’immondices et la famille Guérini – a jeté l’éponge. Alors qu’il parlait encore, la veille, d’attaquer Bronzo en justice, il a brusquement décidé d’annuler toute la procédure et de lancer un nouvel appel d’offres. Jusqu’à ce que Bonzo soit retenu ? « C’est que ça devient une habitude, ironise un élu UMP. L’été dernier, la gauche avait déjà tenté de revenir sur un marché de tri sélectif qui avait échappé à Bronzo. » C’est une longue histoire. Bronzo est une filiale de la Société des eaux de Marseille, elle-même filiale de Véolia, groupe avec lequel les Guérini entretiennent une vieille amitié. Comme l’a déjà raconté « Le Canard », Jean-Noël Guérini a occupé, entre 1990 et 1995, d’obscures fonctions à la SARP, une branche de la Générale des eaux (devenue Véolia) spécialisée dans les déchets toxiques, pour laquelle il allait se promener tous les deux mois en Italie, moyennant 20 000 F mensuels.

AFP: D’origine bastiaise, Eugène Caselli est né en 1946 à Marseille. Le 17 avril 2008, à la surprise générale (car la droite était majoritaire), il est élu président de la communauté urbaine de Marseille, battant Renaud Muselier (UMP) de 2 voix. S’étant présenté sur proposition de Jean-Noël Guérini, il succède à Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille qui ne se représentait pas. Selon M. Muselier, la répartition des principales fonctions à la suite des municipales avait fait l’objet d’un accord d’un accord entre les parlementaires marseillais UMP : le député Roland Blum est devenu premier adjoint de M. Gaudin et le député Guy Teissier devait devenir, en remplacement de M. Muselier, président d’Euroméditerranée.

A noter que monsieur Guy Teissier est vice-président du groupe d’amitié parlementaire France-Israël. (Monsieur Renaud Muselier en est membre). Par ailleurs, monsieur Roland Blum est cité en page 206 du livre de Sophie Coignard « Un état dans l’Etat », dans une liste où, d’après l’auteur, « rares sont les non-initiés ». Quatre pages auparavant, la journaliste titre : « Corse et maçon, un pléonasme ? ». Le groupe Véolia, quant à lui, apparaît notamment en page 23 : « Le groupe Veolia est-il plus profane qu’auparavant juste parce qu’il ne s’appelle plus Générale des Eaux ? »

A présent relisons l’article. Pourquoi le journaliste écrit-il : « Soudain, Caselli [s’est écrié] : « J’irai pas en prison pour vous ! » Motif de l’embrouille : Guérini venait tout bonnement de demander à son fidèle second d’user de son pouvoir de président de la communauté urbaine pour casser l’appel d’offres » alors que quelques lignes plus loin, ce même Caselli, peu après l’ « embrouille », « [décide] d’annuler toute la procédure et de lancer un nouvel appel d’offres » - sans que cela semble avoir posé de problème d’un point de vue strictement légal ?
Nobili a vraisemblablement jeté un voile pudique sur l'histoire. En étant grossier, on pourrait en effet penser que l’indignation mêlée de crainte de Caselli n'a pas été suscitée par la suggestion en elle-même. Celle de casser l’appel d’offres. En effet, si on s’attarde un peu, ci-dessous, sur quelques extraits de l’enquête de Pascal Catuogno: "Franc-Maçonnerie: un pouvoir au coeur de la République", d’autres hypothèses surgissent qui donnent un éclairage plus cru et également, au passage, un explication possible de "la surprise électorale du 17 avril 2008".

« Les négociations de coulisse peuvent-elles fausser le jeu démocratique? Les francs-maçons ont-ils le pouvoir de faire ou de défaire une élection? Pour des raisons historiques, Lyon a toujours connu l'influence des francs-maçons. Aujourd'hui, près de 3000 lyonnais font partie de la franc-maçonnerie: hommes politiques, fonctionnaires, cadres... Mais c'est surtout à la mairie et dans les grandes institutions de l'agglomération que les frères invisibles se sont imposés. Gérard Collomb (sénateur-maire PS de Lyon) n'a jamais caché son appartenance à la franc-maçonnerie. Il a été initié il y a quelques années dans une loge du Grand Orient. (...) Actuellement sur 21 adjoints au maire, 8 sont francs-maçons, soit plus du tiers. Gérard Collomb admet cette réalité tout en la minimisant. (...)
Avril 2001: le maire de Lyon Gérard Collomb est le candidat socialiste à la présidence de la communauté urbaine de Lyon. Son adversaire de droite se nomme François-Noël Buffet. Ce dernier doit mathématiquement l'emporter car la communauté urbaine a toujours été dirigée avec une majorité de droite... Et pourtant!
François-Noël Buffet : « La droite est majoritaire de 6 voix, et je suis opposé au moment du vote à Gérard Collomb. (...) Tout le monde estime que la droite peut remporter la communauté urbaine (...) Mais c'est méconnaître beaucoup de choses dans la « lyonnaiserie »: les réseaux vont jouer à plein. Tous les réseaux. Les amitiés personnelles, les inimitiés (...) et le réseau des fraternelles et des francs-maçons."
Premier adjoint au maire de Lyon, Jean-Louis Touraine est franc-maçon. Il appartient à une loge du GO. Il va jouer un rôle clef dans la stratégie de Collomb.
Jean-Louis Touraine: « Lorsque Gérard Collomb se propose d'être candidat à la communauté urbaine de Lyon, il sait que le rapport de forces n'est pas favorable à la gauche: il y avait plus d'élus, au total, appartenant à la droite. »
Ces élus de droite sont, pour certains, des francs-maçons : pour gagner la communauté urbaine les socialistes doivent négocier avec eux. Dans le camp de Gérard Collomb, celui qui va se charger des bons offices, c'est Yvon Deschamps: lui aussi est membre du GO
Yvon Deschamps: « Il est certain qu'avec un certain nombre d'amis francs-maçons - ce n'est pas honteux de le dire, on a discuté avec d'autres élus -y compris des élus francs-maçons de droite. C'est peut-être là que la démarche maçonnique a été importante - si je suis clair. »
Petit à petit des contacts se nouent dans la discrétion...
Yvon Deschamps: « on a envoyé des missi dominici... A tel ami: "tu connais bien untel, est-ce que tu peux m'obtenir un rendez-vous?". Des approches qui se terminaient souvent par le fait que Gérard Collomb à la mairie de Lyon recevait ces gens après pour discuter avec eux: "Cher ami, merci d'accepter de discuter avec moi... qu'est-ce qu'on peut faire ensemble, etc... Tout ceci se termine ensuite ...heu...par ...heu...par le fait qu'ils acceptaient de rencontrer Collomb -dans des conditions de discrétion, bien évidemment, ...heu... pour échanger avec lui et savoir autour de quelles valeurs (petit sourire) on pouvait inscrire un accord politique. »
A droite, dans le camp de François-Noël Buffet, Charles Millon, l'ancien ministre de la défense a deviné ce qui se trame...
François-Noël Buffet : "je me souviens que Charles Millon m'avait dit la veille du scrutin: "est-ce que vous avez eu des contacts avec les réseaux francs-maçons?". Et je lui avais répondu non. Il m'avait dit: "Ah." Et je n'en avais pas tiré d'interprétation particulière - si ce n'est que le lendemain... "Le lendemain le vote est sans appel: Gérard Collomb remporte la communauté urbaine avec 12 voix d'avance... Aujourd'hui le maire relativise l'importance du vote franc-maçon dans son élection.

Voilà qui permet d'émettre quelques suppositions sur les raisons du brusque revirement de Caselli. Autour de quelles "valeurs", exactement, s'est inscrit "l'accord politique", entre lui et Guérini? Quelles "valeurs" lui ont fait "brusquement décider d’annuler toute la procédure et [...] lancer un nouvel appel d’offres"? Si Guérini s'appelait Edouard de Rothschild, par exemple, Caselli deviendrait-il président du PMU 6 mois après "l'accord politique"?
Pourquoi cette "réunion interne du PS" a t-elle eu lieu " à Berre-l’Etang, commune voisine de Marseille"? Eric de Montgolfier aurait-il la réponse?
« Nombre de maçons étaient venus me voir, pas très ouvertement (certains étaient venus sous couleur de leur robe d'avocats par exemple). Mais à les entendre je comprenais bien qu'ils avaient du sujet (NB: de l'affaire en cours) une connaissance interne... D'autres m'ont invité à déjeuner, mais assez loin du centre-ville. (...) » (Eric de Montgolfier, dans le documentaire de Pascal Catuogno)
Il faudrait donc simplifier les choses.
Dire au militant UMP non initié: "bon... ton copain UMP initié est d'accord pour faire en sorte que tu obtiennes le poste de nettoyeur des gogues de la communauté urbaine - par ailleurs il va faire en sorte qu'un initié PS obtienne la présidence de la communauté urbaine à ta place de telle manière qu'il puisse, lui, avoir la vice-présidence... Ca te dérange pas hein?" (Comme dit Yvon: "ce n'est pas honteux de le dire")
Dire aux citoyens français au moment des élections: "chers pigeons: pour qui allez-vous voter?... La GLNF ou le GO?"
Tout ceci se passe à l'échelon local. Cela se passe également à l'échelon national.
Et également à l'échelon international.
Et là c'est plus grave...
Si monsieur Goldman Sachs/CIA propose à de Rothschild: "Cher ami, autour de quelles valeurs (petit sourire), pourrait-on inscrire un accord politique? Comme par exemple bidouiller les systèmes de paiement des entreprises françaises pour les flanquer par terre au cas où on ait un contentieux avec la France?... Comment? 1 milliard d'euros?... Intérieurement: vu que ça représente 1,96 % du budget annuel de la CIA et que je n'ai jamais refusé une pièce à un mendiant... Marché conclu cher ami! "


En revenant à nos moutons, et pour finir cette petite "revue de presse":

"L'imbrication des frères 3 points dans les affaires de corruption n'est donc pas anecdotique, elle a des conséquences graves. L'économie souterraine fausse la concurrence: au jeu du pot de vin, les mêmes grandes entreprises gagnent toujours. Elle lèse le contribuable qui paie plus cher ses équipements collectifs. Elle vole les ménages, en gonflant le prix des logements. ( Les frères invisibles, p.320)"

"Tous les centres de décision, politiques, économiques, médiatiques sont convoités et mis en réseau. L'arbitraire règne en maître. Jamais démocratie ne porta plus mal son nom. Jamais République ne fut moins publique."
Avec une rare force d'écriture, avec des portraits tendres ou cruels, avec colère ou ironie, François Bayrou a choisi de dénoncer la vraie nature de l'abus de pouvoir que l'on veut imposer à la France.
(François Bayrou, "Abus de Pouvoir", Plon, avril 2009, extraits de la quatrième de couverture).


"Challenges": article du 24 septembre 2009
Chambres particulièresGros malaise dans le monde consulaire nancéien depuis que le président François Ganne et plusieurs juges ont démissionné fin 2007. Un coup d'éclat visant à dénoncer certaines dérives et - sans le dire ouvertement - l'influence des réseaux francs-maçons au sein de leur institution. Relations privilégiées entre juges, mandataires et administrateurs judiciaires : manque de contrôle des honoraires, actifs cédés dans des conditions douteuses... Des accusations graves qui ont poussé la police et le gouvernement à intervenir.
Une enquête préliminaire a été ouverte par le procureur de Nancy. Selon une source proche de l'investigation, plusieurs rapports saignants ont été rédigés, mais n'ont, pour l'instant, débouché sur aucune condamnation faute de preuves. Dans le même temps, l'Inspection générale des services judiciaires a conduit un audit, révélé par Le Canard enchaîné, qui pointe une «proximité nuisible» entre administrateurs et juges, reposant sur l'appartenance à des réseaux privés communs».
En ligne de mire, le poids de la franc-maçonnerie dans la ville d'André Rossinot, membre éminent du Grand Orient. A l'instar de Philippe Vivier, président du tribunal de 2002 à 2006, puis en 2008, de nombreux juges, des mandataires et des administrateurs ont été initiés. «Certains se retrouvent tous les mois au Novotel Nancy Ouest, qui abrite aussi le siège du Rotary Club, dont la plupart sont membres», raconte un expert des réseaux nancéiens.
Le juge Richard Renaudin est ainsi trésorier du Rotary, mais dément appartenir à l'«honorable confrérie». Quant à l'administrateur judiciaire Pierre Bayle, cible des accusations de François Ganne, il a porté plainte pour dénonciation calomnieuse, et raille le prétendu «complot maçonnique». D'autres juges ont été poussés vers la sortie par le ministère de la Justice, qui précise qu'«un rapport de l'Inspection sur le suivi de ses recommandations vient d'être remis au garde des Sceaux.»
Des millions d'euros en jeuLe tribunal de Nancy n'est pas un cas isolé. Constitués de juges non professionnels, issus des milieux d'affaires locaux, les tribunaux de commerce brassent des millions d'euros, liés à la cession des actifs des sociétés mises en faillite. Sans compter les juteux honoraires perçus par certains mandataires judiciaires. De quoi attiser les convoitises. «Quand un réseau -franc-maçonnerie ou autre - est dominant à un endroit donné, la tentation est forte et les dérives sont facilitées», observe l'ancien député François Colcombet, auteur d'un rapport au vitriol en 1998.
Or le monde consulaire est un terrain privilégié pour la franc-maçonnerie. «Les chambres de commerce reposent, comme les Loges, sur la cooptation d'hommes de confiance, explique un président de CCI initié au Grand-Orient. Mais la franc-maçonnerie n'intervient pas dans leur fonctionnement, même si elle peut influencer des élections.» Les CCI sont ainsi chargées de nommer les délégués, qui élisent ensuite les juges consulaires et pèsent sur le choix des candidats. A Nancy, l'Inspection a d'ailleurs jugé excessive l'implication de la CCI dans le fonctionnement du tribunal (subvention à l'Association des magistrats, mise à disposition de personnels), estimant qu'elle «porte atteinte à l'indépendance» des juges. Une CCI dirigée par Jean-Pierre Carolus, qui serait également franc-maçon.

Vive la Ripoublique maçonnique.

PLG